La résilience triomphante de Sébastien Haller : Héros de la Côte d'Ivoire et vainqueur de la CAN

Le héros émérite de la Côte d'Ivoire s'incarne en la personne de Sébastien Haller. Malgré ses blessures jusqu'aux huitièmes de finale et son mutisme jusqu'aux demi-finales, il a scellé en deux rencontres deux des buts les plus décisifs de l'histoire de sa sélection, couronnée championne d'Afrique dimanche soir face au Nigeria (1-2). Cet épisode marque un tournant fabuleux dans un destin personnel autrefois tragique, désormais empreint de magie.


La séquence émotionnelle a déjà circulé abondamment sur les réseaux sociaux. Peu de temps après la victoire de la Côte d'Ivoire contre le Nigeria dimanche soir (1-2), lors de la finale de la Coupe d'Afrique des Nations, Sébastien Haller s'est prêté aux questions de Basile Boli au micro de beIN Sports. "C'est gratifiant. C'est gratifiant de recevoir... une reconnaissance, de persévérer dans ses convictions et de constater qu'elles portent leurs fruits", a à peine eu le temps de prononcer l'attaquant du Borussia Dortmund avant de s'abandonner dans les bras de l'ancienne gloire marseillaise, essuyant quelques larmes au passage. Une image saisissante pour un homme résilient. Le héros de la soirée, âgé de 29 ans, est bel et bien cet attaquant, auteur du but victorieux à la 81e minute de jeu, quatre jours après avoir été l'unique buteur en demi-finale face au Congo. Cette histoire est grandiose, car elle relate le parcours d'un homme qui a surmonté une épreuve redoutable infligée par la vie, et d'un joueur qui a surmonté ses revers pour s'octroyer cet instant de gloire.


Les interviews et les documentaires ont largement couvert le destin singulier de Haller, mais l'envie de le célébrer sur tous les toits, encore et plus fort, persiste. En juillet 2022, le natif de Ris-Orangis est touché par un cancer des testicules. Trois mois plus tard, son discours chargé d'émotion et de dignité lors de la cérémonie du Ballon d'Or a ému le monde entier. Six mois après, le voilà de retour sur les terrains, sous les acclamations du public du BVB, lors d'une victoire face à Augsbourg. En l'espace d'un an et demi, Haller est passé du diagnostic d'un cancer à la victoire à la CAN.


"Revenir sur ces moments est intense", a-t-il réagi au micro de beIN Sports après s'être ressaisi. "Inévitablement, j'y songe souvent. C'était véritablement l'un de mes objectifs personnels, donner le meilleur de moi-même à la CAN, être présent". Être là... et être décisif. "J'ai l'impression de préférer les buts quelque peu complexes", a-t-il souri. "Nous y avons cru jusqu'au bout, mes coéquipiers m'ont encouragé à rester sur le terrain le plus longtemps possible. Aujourd'hui, si j'ai marqué, c'est grâce à eux. Je me devais de montrer l'exemple, de tout donner et de ramener la Coupe à la maison".


C'est désormais chose faite, de manière d'autant plus remarquable qu'il aurait pu suivre cette CAN depuis son canapé en raison d'une blessure à la cheville. "J'ai eu la chance de pouvoir participer même si l'on m'annonçait - je peux le dire maintenant - entre 6 et 8 semaines d'indisponibilité pour ma blessure. Selon la rapidité des soins, j'aurais peut-être pu faire mon premier match aujourd'hui (dimanche, ndlr). Ma cheville n'est toujours pas totalement guérie, mais cela en valait la peine", a-t-il raconté, lui qui n'a entamé sa compétition qu'en huitièmes de finale, miraculeusement atteints par son équipe.


Le mérite revient ici à Jean-Louis Gasset, écarté à l'issue de la phase de groupes, qui avait décidé de convoquer Haller et Simon Adingra, également blessé avant le tournoi, malgré leurs pépins physiques. "Je rêve de voir Haller marquer le but de la finale", avouait d'ailleurs l'ancien entraîneur des Verts dans les colonnes de L'Équipe deux jours avant le match décisif. Un clin d'œil supplémentaire des plus heureux.


Et une épreuve de plus balayée par celui qui avait opté pour la sélection ivoirienne en 2020 après avoir fait ses débuts chez les jeunes en équipe de France. Outre le cancer et la blessure à la cheville, Haller est également celui qui a dû digérer son penalty manqué lors de la finale du titre avec Dortmund la saison précédente. Celui qui a su se relever de son énorme occasion ratée de la tête en demi-finale de cette CAN, pour inscrire ensuite le but libérateur. Celui qui, trop court sur un premier centre, a insisté pour un deuxième, avant de finalement placer sa jambe devant celle de William Troost-Ekong et libérer les siens en finale dimanche. Celui qui, à l'instar de sa sélection, a choisi de réaliser l'impossible.